Un patient qui survivait depuis cinq ans dans un état végétatif a pu “communiquer” avec ses médecins par le biais de l’imagerie par résonance magnétique fonctionnelle, l’IRMf. En fait de communication, ce patient a pu indirectement répondre, par oui ou par non, à des questions simples posées par les chercheurs.
Ces résultats, publiés dans le New England journal of medicine, donne un coup de canif supplémentaire dans la supposée uniformité des états végétatifs. Jusqu’alors, les patients étaient considérés dans un état végétatif s’ils ne pouvaient répondre à aucun stimulus, ce qui était le cas de ce patient. D’autres sont dans un état de “conscience minimale” s’ils réagissent de manière mécanique à certaines sollicitations. Ces recherches devraient amener les autorités médicales à revoir la manière dont sont établis ces diagnostics.
Les chercheurs britanniques et belges à l’origine de cette étude se sont penchés sur le cas de 54 patients plongés dans un état végétatif ou dans un état de conscience minimale après un accident ou une maladie.
A l’évocation de deux activités distinctes – déambuler dans les pièces d’une maison ou jouer au tennis –, cinq des patients ont pu activer les régions du cerveau concernées. Cette interaction ne suffit pourtant pas à déterminer un état de conscience, ces réactions pouvant être de simples réflexes.
Les chercheurs ont donc tenté d’obtenir des réponses à des questions simples et fermées. Comme l’explique très bien le site Nature News, “il est difficile, voire impossible, de déterminer quelles régions du cerveau sont activées quand une personne pense ‘oui’ ou ‘non’”. Aussi, les chercheurs ont demandé au patient de penser au tennis pour dire “oui” et à la maison pour dire “non”. Les zones du cerveau activées lors de ces deux activités sont distinctes et aisément identifiables grâce à l’IRM fonctionnelle.
L’un d’entre eux, un Belge dans le coma depuis cinq ans après un accident de la circulation, a réussi, grâce à cette technique, à répondre correctement. A la question “Est ce que votre père s’appelle Alexander ?”, le patient a répondu ‘”oui” en activant la zone du cerveau concernée. A la question ‘Est ce que votre père s’appelle Thomas ?’, le patient a répondu “non”. Ces deux réponses étant les bonnes. En tout, le patient a bien répondu à cinq des six questions qui lui ont été posées. Précisons que les scientifiques qui avaient la tâche d’étudier les IRM ne connaissaient pas les réponses aux questions pour éliminer les biais inhérents à l’analyse.
La communication que permettent ces recherches restera limitée. Mais déjà, les chercheurs imaginent la portée de leurs résultats :
“Dans le futur, cette approche pourrait être utilisée pour répondre à d’importantes questions techniques. Par exemple, les patients pourraient être interrogés sur leur douleur. (…) Développée, cette technique pourrait être employée pour que les patients expriment leur ressenti, contrôlent leur environnement ou améliorent leurs conditions de vie.”
Mais au-delà, cette capacité de communiquer avec des patients dans un état végétatif risque de poser des questions éthiques assez difficiles à trancher. Pourrait-on par exemple demander à un patient s’il voudrait être débranché ? Interviewé par l’Agence France Presse, le professeur Steven Laureys, qui a mené ces recherches :
“Nous devons maintenant nous asseoir autour d’une table avec la communauté médicale, toutes disciplines confondues, et des experts en droit, et décider des implications éthiques de cette recherche.”
Photo : New England journal of medecine
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